A. Mise en place d’un système séparant les noirs et les blancs

Lors de l’abolition de l’esclavage, les Noirs ont été submergés d’une grande émotion de joie suite à leur libération. Ils ont alors pu circuler librement où ils voulaient et de nombreuses familles séparées par les ventes ont pu se retrouver. Mais malgré leur nouvelle liberté, les États sudistes ont voté en 1865 des lois limitant de nombreux droits aux Noirs notamment politiques comme le droit de vote. Tout cela constitue ce qu’on appelle les Black Codes. Ainsi, les ouvriers noirs travaillaient et étaient traités dans des conditions semblables que celles de l’esclavage. Par exemple, dans le Mississippi, il était interdit aux Noirs de quitter les plantations sans permission. Ou encore, en Caroline du Sud, les ouvriers noirs devaient travailler du lever au coucher du soleil. Rapidement, le Nord indigné par ces actes fit adopter au Congrès le XIVème amendement de 1866 accordant la citoyenneté aux Noirs ainsi que les droits civiques et supprimant l’accès au Congrès aux États n’autorisant pas le droit de vote aux Noirs.

Puis, la Cour suprême publie l’arrêt Plessy en 1896 qui met en place la doctrine Séparés mais égaux fondée sur les principes de ségrégation. Après, les lois Jim Crow sont appliquées faisant référence au nom d’un chanteur populaire blanc se déguisant en noir.

Ainsi, ces lois constituaient donc l’un des principaux éléments de la ségrégation raciale aux États-Unis en distinguant les citoyens selon leur appartenance raciale tout en admettant leur égalité de droits. Elles imposent une ségrégation dans tous les lieux et services publics. Par exemple, en Alabama, il devait y avoir des salles d’attente et des guichets séparés pour les Blancs et les personnes de couleur. En Floride, les mariages mixtes entre personnes blanches et personnes nègres étaient interdits. Ou encore même, en Mississippi les condamnés blancs et les condamnés noirs avaient des lieux différents pour manger et dormir.

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Intérieur d’un bus en 1956, à Dallas

Dans le livre Life is so good, George déclare bien que «le café et le coiffeur étaient réservés aux Blancs». Après la guerre de Sécession, les Noirs sont toujours considérés comme une race inférieure et comme des personnes « malade », qu’on ne peut pas approché par peur d’être « contaminé ». En effet, dans Life is so good, un Noir, nommé Pete, est pendu au milieu de la ville sur l’arbre appelé «l’arbre des confédérés». Cet homme était soupçonné d’avoir couché avec la fille de son patron, une blanche, et de l’avoir mis enceinte. Hors, quelque temps après, lors de la naissance du bébé personne ne se rendit compte, hors-mi quelques Noirs, que le bébé était de couleur blanche, et que donc le père n’était pas Pete. Il était dit que ce genre de phénomène était en quelque sorte normal et devenu une habitude.

B- Le Ku Klux Klan

Le Ku Klux Klan est une organisation née de la défaite des sudistes. En effet, le premier Klan est apparu en 1865 peu après la fin de la guerre de Sécession dans le Tennessee. Il est rapidement organisé et arrive à sa tête un ancien général confédéré, Nathan Bedford Forrest, en 1867. Ainsi, le Klan est divisé en royaumes, en dominions, en provinces et en tanières en ayant sous ses ordres des cyclopes, des géants, des titans, des dragons, des génies, des hydres, des furies, des sentinelles, des Turcs commandés par un Grand Sorcier. La principale cible de recrutement du Klan se concentrait sur les populations blanches de Tennessee, de l’Alabama et de Caroline du Nord. Ensuite, cette organisation s’est répandue dans de nombreux états d’Amérique comme en Louisiane où se sont créés les Chevaliers du Camélia blanc ou encore au Texas sous le nom des Chevaliers du Soleil Levant. Ainsi, le but du Klan rassemblant un demi-million d’adhérents est de défendre la suprématie blanche, preuve de racisme envers les Noirs. Malgré tout, le Noir n’est pas le seul ennemi du Klansman. Il vise aussi les scalawags (sudistes partisans des idées du Nord) et les carpets-baggers (aventuriers du Nord venus s’installer dans le Sud) sans compter les étrangers et les Juifs dont il a une haine à leurs égards. Ainsi, dissimulés sous leurs grandes robes blanches et cagoules, les Klansman terrorisent et persécutent ces populations. Suite à ces actions, le Tennessee opte en 1868 une loi pour maintenir la paix publique. Le Ku Klux Klan est alors dissout en 1871 suite aux mesures de répression votées par le Congrès, les Force Acts.

Après la Première Guerre mondiale, le Klan renaît par l’intervention de deux organisateurs talentueux, Edward Young Clarke et Elizabeth Tyler. Grâce à leurs idées, les adhésions aux mouvements influent passant ainsi de 100 000 membres en 1920 à 5 millions de membres en 1925. En plus de sa présence dans le Nord et le Sud, il s’implante aussi dans le Midwest. Ce nouveau Klan a donc des valeurs semblables au Klan précédent mais ayant aussi d’autres nouvelles reprenant le racisme, la xénophobie, l’antisémitisme, le puritanisme, l’anti-catholicisme et l’ultranationalisme. Leur but est de défendre un américanisme à cent pour cent pouvant référer aux partis fascistes d’Europe. Suite à son apogée, le Klan décline à nouveau à partir de 1926 et disparaît complètement durant la crise des années 30 battu par le réformisme et le libéralisme.

Ensuite, le Ku Klux Klan resurgit encore une fois dans les années 1960 face à la politique d’intégration raciale et au communisme. Ses membres n’hésitent pas alors à avoir recours à n’importe quelles formes de violences provoquant ainsi des attentats terroristes et des crimes comme par exemple des attaques sur des bus d’étudiants noirs. Le nombre de ces actifs varient entre 10 000 et 30 000 membres. Le Ku Klux Klan est donc un groupuscule d’extrême droite avec une influence limitée.

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Membres du Ku Klux Klan défendant les droits des blancs Américains

Dans Life is so good, la terreur des Noirs est très bien exprimée par George, il dit exactement:

« On ne les voyait pas tous les jours, mais on sentait leur présence tout le temps. On savait qu’ils étaient là. Ils faisaient exactement ce qu’ils voulaient, et personne ne réagissait. Ils pouvaient se livrer aux pires exactions, aucun d’eux n’était jamais puni. S’ils n’avaient pas envie qu’un témoin parle, eh bien il ne parlait pas »

Ces mots sont touchants et ils caractérisent très bien le fait que les Noirs étaient persécutés. De plus, comme cela est certifié dans l’article de Brit Bennett* publié le 19 juin 2015 dans Courrier international, après l’abolition de l’esclavage, quelques anciens maîtres d’esclaves avaient rejoint le Klan. Dans son article elle dit :

«Beaucoup d’anciens esclaves pouvaient reconnaître leurs anciens maîtres ou voisins sous les draps blancs »

Ainsi, c’est là que nous pouvons faire le lien entre l’esclavage et le racisme.

*Brit Bennett : Romancière Californienne dont le premier roman est The Mothers

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Portrait de Brit Bennett

 

C. Exemples de luttes
Rosa Parks

Rosa Parks, la femme qui a changé l’Amérique est un livre biographique écrit par Eric Simard en 2012. Son acte héroïque du 1er décembre 1955, lorsqu’elle refusa de laisser sa place à un blanc dans un autobus, a fait d’elle un emblème de la lutte contre la ségrégation raciale. Le livre commence dès le plus jeune âge de Rosa Louise McCauley. Les deux premiers chapitres nous révèlent son enfance fragile à Pine Level, dans la petite ferme de ses grands-parents maternels. Elle a grandi sans son père, James McCauley, suite à une séparation car ce dernier voulait retourner dans sa ville natale. Ce n’est qu’à l’âge de cinq ans qu’elle le revoit durant quelques jours seulement. De plus, Rosa Parks avait même des ancêtres blancs issues de la lignée de sa mère, sûrement des anciens maîtres d’esclaves. À l’âge de 11 ans, elle est envoyée à l’Industrial School for Girls située dans la ville de Montgomery :

« Dès son arrivée à Montgomery, Rosa avait été confrontée à des règlements racistes qu’elle ne connaissait pas encore. Les animaux qu’ils soient blancs, noirs, marron ou d’une autre couleur buvaient à la même eau. Mais ce n’était pas le cas des humains. Les fontaines étaient séparées en deux catégories : celles des Blancs et celles des Noirs. »

De plus, Rosa Parks a eu une éducation religieuse catholique très prononcée. En effet, elle fut baptisée à l’âge de deux ans dans l’Eglise Méthodiste africaine dont elle resta membre tout au long de sa vie.

A l’âge de ses 18 ans, Rosa Louise McCauley rencontra Raymond Parks qui avait dix ans de plus qu’elle et qui fut le premier homme rencontré par cette femme militant contre les lois racistes des Blancs. Parmi ces lois, les plus connues sont celles qui touchent les bus :

« Parmi les autres lois racistes que subissaient les Noirs, celles qui touchaient les bus étaient sans doutes les plus humiliantes. Les dix premières places assises étaient réservées aux Blancs. Les Noirs étaient relégués vers les dix places du fond, derrière des écriteaux sur lesquels était inscrit : ‘Colored’ »

Par la suite, en 1944, elle rejoint la NAAPC (National Association for the Advancement of Colored People), une organisation américaine de défense des droits civiques dans laquelle elle occupa le poste de secrétaire bénévole. Elle se chargeait d’enregistrer les nombreux cas de discrimination et de violences contre la communauté noire.

Le chapitre 6, s’intitulant ‘Le jour où tout bascula’, raconte son acte le plus majeur de sa vie. Ainsi, le jeudi 1er décembre 1955, elle refusa de céder sa place à un blanc suite à la demande du chauffeur, celui-ci n’étant pas un inconnu : il s’agissait de James F. Blake, le chauffeur qui l’avait menacé 12 ans plus tôt. Le livre propose ainsi un registre dramatique de la situation :

« Ce 1er décembre 1955, tout semblait avoir été mis en place pour qu’une pièce soit donnée. Le bus où devait se dérouler la scène résumait à lui seul les inégalités sociales : les Blancs devant, les Noirs derrière, et au milieu, cette zone floue cristallisant tous les conflits. Rosa Parks prit place dans ce huis clos, retrouvant le chauffeur qui l’avait agressée douze ans plus tôt. Elle aurait pu trouver une place dans les derniers rangs. Aucune n’était libre. Elle s’installa avec d’autres dans la « zone à risque ». Elle aurait pu atteindre sa destination sans qu’aucun Blanc ne monte. Or des Blancs sont montés. Tout était en place pour que le drame soit joué. Et Rosa tint son rôle à merveille … »

Par la suite, ces événements ont entraîné un appel au boycott dès le jour du procès de Rosa Parks, le 5 décembre 1955. En effet, la mesure était de ne prendre aucun bus si l’on était une personne Colored afin de montrer l’indignation des Noirs d’Amérique :

« Le lundi 5 décembre, Rosa Parks, sous un ciel matinal sombre, guettait avec anxiété le passage du premier bus dans la rue. S’il arrivait avec des passagers noirs, cela signifiait que l’appel au boycott était un échec. […] La surprise fut de taille : le bus déboucha dans l’avenue sans un seul passager de couleur. »

Suite à l’arrestation de Rosa Parks, une association est ainsi créée en sa faveur : l’association Montgomery Improvement Association (MIA) avec à la tête de celle-ci Martin Luther King Jr qui le soir du procès de Rosa Parks prononça son premier discours marquant sa carrière d’orateur pour les droits civiques :

« Puisque cela devait arriver (l’arrestation dans le bus), je suis heureux que cala arrivât à une personne comme Rosa Parks, car nul ne peut douter de la grandeur de son caractère, nul ne peut douter de la grandeur de son caractère, nul ne peut douter de la profondeur de son engagement chrétien…

    Nous sommes ici ce soir pour dire à ceux qui nous ont maltraités depuis si longtemps, que nous sommes fatigués… fatigués de subir la ségrégation et d’être humiliés, fatigués d’être foulés par l’oppression… Pendant des années, nous avons montré une incroyable patience. Nous avons parfois donné l’impression aux Blancs que nous aimions la manière dont nous étions traités…

    L’une des plus grandes gloires de la démocratie est le droit de protester… Si vous protestez courageusement, avec dignité et amour chrétien, quand les livres d’histoire seront écrits dans les générations futures, les historiens s’arrêteront et diront : « Là vivait un grand peuple, un peuple noir, qui fit couler une dignité et un sens nouveaux dans les veines de la civilisation… » Ceci est votre défi et votre immense responsabilité »

Ainsi, ces événements marqua une première forme de protestation contre les lois ségrégationnistes en Amérique. En juin 1956, c’est une grande avancée contre la ségrégation qui se réalise lorsque les lois Jim Crow sont jugées anticonstitutionnelles.

Enfin, Rosa Parks est une femme forte qui a décidé de dire ‘non’ à cette discrimination raciale notamment par son engagement tout au long de sa vie. Elle a donc à jamais changé l’Amérique et les mœurs de chacun. Durant sa vie, elle a reçu de nombreuses récompenses et en particulier la Médaille présidentielle de la Liberté.

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Portrait de Rosa Parks

 

Martin Luther King

Martin Luther King est né en 1929 en Géorgie. Il grandit dans une famille de pasteurs appartenant à une importante église noire d’Atlanta. Durant toute son enfance, il est alors confronté aux dures réalités de la ségrégation. À l’âge de 19 ans, il devient pasteur baptiste décidé à remédier aux problèmes moraux de la société liés au racisme. À partir de 1950, il commence à être intéressé par la philosophie de Gandhi à propos de la non-violence.

Suite à l’action de Rosa Parks le 1er décembre 1955, Martin Luther King lance un boycott des bus. Il commence alors à être remarquer. Ainsi, cet événement est l’élément déclencheur qui le pousse à lutter pacifiquement contre la ségrégation raciale aux États-Unis.  Il devient alors le porte-parole du mouvement pour défendre les droits civiques en prenant la tête du comité de soutien de Rosa Parks. Le mouvement désire lutter contre toutes les formes de ségrégation raciale pratiquées aux États-Unis depuis la fin du XIXème siècle. Martin Luther King a donc joué un rôle important dans l’émancipation des Afro-Américains et dans la prise de conscience des injustices que les Noirs subissaient. Étant un orateur talentueux, King a rassemblé un grand

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Martin Luther King, à Washington en 1963

nombre de personnes formant une foule immense autour d’un discours qu’il a prononcé lors de la Marche de Washington le 28 août 1963. Dans son discours intitulé « I have a Dream », Martin Luther King appelle alors à la fraternité entre les noirs et les blancs. Le 4 avril 1968, il meurt assassiné sur le balcon du Lorraine Motel. La veille, les derniers mots d’un discours qu’il avait prononcé dans une église noire locale furent :

« J’ai vu la terre Promise. Il se peut que je n’y pénètre pas avec vous… »
D. La fin de la ségrégation

Les nombreux mouvements pour les droits civiques menés par les Noirs ont vu porter leurs fruits après de longues années d’acharnement. En effet, la Civil Rights Act fut signé le 2 juillet 1964 par le président Lyndon B. Jonhson abolissant la ségrégation raciale et les pratiques discriminatoires. La loi historique initiée par le précédent président assassinée, J. F. Kennedy, interdit donc la discrimination raciale dans tous lieux publics régie par les lois Jim Crow. La même année, Martin Luther King reçoit le prix Nobel de la paix. Malgré cette avancée civique historique, la loi ne fait pas l’unanimité lors de de sa signature. Ainsi, aux États-Unis, de nombreuses contestations sont nées allant même jusqu’à l’assassinat de Noirs. Encore même aujourd’hui, la fraternité entre Noirs et Blancs n’est pas complètement atteinte.

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Signature de la Civil Rights Act

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